Phytothérapie, Ces plantes qui nous veulent du bien

Histoire et faits

On ne dispose pas de données fiables pour savoir quand a débuté l’usage des plantes à des fins médicinales. Néanmoins l’anthropologie a permis de découvrir que la recherche de la guérison remonte aux premiers temps de l’humanité, dès la Préhistoire, où pour se soigner, on utilisait les plantes.

Les femmes ont été les premières à cueillir les plantes sauvages, les hommes étant des chasseurs. Elles connaissent donc les endroits où chaque espèce pousse en fonction du sol, de l’ensoleillement, de la proximité de certains arbres. On se transmet ces lieux entre membres d’une même famille sans jamais les révéler aux étrangers. Les femmes ont pris conscience de l’utilisation des plantes, si bien que cette connaissance leur a donné un certain pouvoir. C’est de là que provient l’expression péjorative initiée par les apothicaires : « remèdes de bonnes femmes », puis plus tard « sorcières ».

En Europe, les plantes représentaient l’essentiel de la pharmacopée jusqu’à la fin du XIXe siècle et l’avènement de la chimie moderne.

Encore largement utilisées après la Seconde Guerre mondiale, elles furent ensuite supplantées par les médicaments de synthèse plus simples d’emploi.

En France, le diplôme d’herboriste a été supprimé en septembre 1941 par le gouvernement de Vichy. De 4 500 herboristes en 1941, ils sont désormais une dizaine en France tandis qu’en Allemagne ou en Italie, on compte plusieurs milliers d’herboristes.

Plus d’une centaine de grands médicaments viennent des plantes :

    • La morphine et la codéine, deux antalgiques majeurs, sont extraits de l’opium, suc du Pavot blanc.
    • L’aspirine, après transformation, provient du Saule blanc.
    • La quinine, anti malarique universel, provient du Quinquina.
    • Le taxotère et la vincristine, médicaments anticancéreux, proviennent de l’If et de la Pervenche de Madagascar.
    • La Digitale fournit la digitaline, cardiotonique indispensable.
    • La Belladone : l’atropine

Définitions

La phytothérapie désigne le traitement thérapeutique fondé sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels, dans le but de guérir, soulager ou prévenir une maladie.

Nous évoquerons plus tard 2 branches issues de la phytothérapie :

    • La Gemmothérapie

La gemmothérapie est une branche de la phytothérapie qui utilise les propriétés des tissus embryonnaires végétaux en croissance. Nous utilisons les bourgeons et les jeunes pousses d’arbres et d’arbustes

    • L’Aromathérapie

L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie qui utilise les essences et les Huiles Essentielles à des fins médicinales ou de prévention et de confort.

Les bienfaits des plantes

Il existe de nombreuses plantes aux propriétés diverses :

    • Pour améliorer le sommeil : lavande, mélisse, passiflore …
    • Pour aider à gérer son stress : la rhodiole, le basilic sacré …
    • Pour améliorer la qualité de la peau, des ongles, des cheveux : la bourrache, la pensée sauvage, la carotte …
    • Pour la régulation hormonale : le houblon, la sauge officinale …
    • Pour faciliter la digestion : l’artichaut, le chardon-marie, le fenouil, la menthe poivrée …
    • Pour soutenir le système urinaire : l’orthosiphon, l’aubier de tilleul …
    • Pour la circulation sanguine : la vigne rouge, le marronnier d’Inde …
    • Pour les soucis ostéo articulaires : l’harpagophytum, l’ortie, le bambou, la consoude …
    • Pour soutenir l’immunité : le ginseng, le thym, l’acérola …
    • Pour mieux respirer : le plantain, le pin sylvestre …

Cette liste n’est pas exhaustive, et ne saurait représenter la diversité des bienfaits des plantes.

Elles représentaient les remèdes préférés de nos anciens. Qui n’a jamais entendu parler du clou de girofle pour apaiser une rage de dents en attendant un rendez-vous de dentiste ? Cette connaissance s’est un peu perdue depuis l’avènement de la chimie moderne et des vaccins qui ont permis de faire face aux épidémies. Mais malgré tout, elle continue à se transmettre, elle perdure, pour notre plus grand bien.

Principales formes galéniques

En phytothérapie, les plantes peuvent être utilisées fraîches ou, beaucoup plus fréquemment, sèches.

C’est en général une partie bien précise de la plante qui est employée, selon le but recherché (racine, feuille, fleurs, etc.).

Mais certaines formes contiennent « l’intégralité », le « totum », du végétal. Leur composition diffère de celle des tisanes traditionnelles (qui ne comportent en principe que les substances hydrosolubles de la plante).

Tisane

Ces parties de plantes, entières ou finement broyées dans un sachet-dose (alias infusette), sont utilisées pour l’obtention d’une tisane que l’on peut préparer :

    • Par infusion (on verse de l’eau chaude sur la plante),
    • Par macération (la plante est laissée plus ou moins longtemps au contact de l’eau froide),
    • Par décoction (la plante est laissée plus ou moins longtemps au contact de l’eau portée à ébullition).

Teintures mères

Une teinture mère est un extrait de plantes fraîches obtenu par macération de plantes hachées dans de l’alcool.

Les teintures mères sont efficaces pour extraire certains composants végétaux essentiels des plantes fibreuses ou ligneuses, des racines et des résines.

Suspensions intégrales de plantes fraîches (SIPF) ou les Extraits de Plantes Standardisés (EPS)

La plante est cryobroyée très rapidement après la cueillette et conservée ensuite dans un liquide, on retrouve ainsi le maximum de principe actif, généralement conçu à partir des plantes issues de l’agriculture biologique.

Poudres et gélules

Des procédés permettent de fabriquer des poudres, qu’elles soient obtenues par un broyage classique ou par cryobroyage. Ces poudres totales peuvent ensuite être conditionnées sous la forme de gélule, ou autre forme.

Le fait-maison

On peut tout à fait préparer ses tisanes ou teintures-mères soi-même.

Dans ce cas, il y a certaines règles à respecter

Tisanes

    • Tout d’abord, il faut choisir une belle journée, sèche, attendre que la rosée de la nuit se soit dissipée et que le soleil se lève pour commencer la récolte
    • Vous allez faire la cueillette des plantes et conserver la partie active à utiliser (suivant les plantes : les feuilles, les fleurs, les fruits, les graines ou les racines)
    • Ne cueillir que les plantes qui sont saines
    • Les feuilles sont récoltées avant et pendant la floraison, une à une, sans les arracher ni les déchirer
    • Les fleurs sont récoltées au début de la floraison, détachées de la tige, en entier, sans blesser les pétales
    • Les fruits sont récoltés au moment de la maturité
    • La racine est récoltée à l’automne et au début du printemps : il faut la dégager, la sectionner en partie et laisser ainsi la plante reprendre l’année suivante
    • Il faut penser à récolter avec modération pour assurer la continuité de la plante : ne jamais arracher les plantes avec la racine
    • Le séchage est une étape très importante, il doit avoir lieu rapidement après la cueillette, il conditionne la bonne conservation des plantes
    • On pose les plantes sur un papier ou un treillage fin dans une pièce aérée
    • Après séchage complet (à bien contrôler), on range les plantes dans des bocaux en verre par exemple, hermétiquement clos.
    • Pensez à bien étiqueter en précisant le nom de la plante, la date et le lieu de récolte.
    • Bien conserver les bocaux au sec et à l’abri de la lumière
    • Il faut renouveler les plantes régulièrement si l’on veut qu’elles gardent leurs propriétés. Elles se conservent jusqu’à un an en secouant les bocaux de tps en tps

 Teintures mères

Les teintures mères ont une durée de conservation plus longue que les herbes séchées : en général de 2 à 5 ans

    • La vodka est l’alcool privilégié des préparateurs de tenture mère. Elle est en général fabriquée à partir de céréales ce qui lui donne un goût neutre qui fera mieux ressortir le goût de la plante. Mais le brandy (cognac), le rhum ou le whisky peuvent être utilisés. 40% minimum d’alcool sont nécessaires pour préserver la plante à l’intérieur de la bouteille
    • Vous pouvez aussi réaliser une teinture mère en utilisant un vinaigre de cidre de qualité ou de la glycérine, plus adaptés aux enfants ou aux personnes ne consommant pas d’alcool
    • Prendre un récipient en verre ou en céramique. Les bocaux à conserves sont parfaits pour faire macérer les plantes. Prévoir des petites bouteilles en verre opaque et à fermeture hermétique pour conserver la teinture une fois prête à l’emploi
    • Nettoyez et stérilisez tous les récipients
    • Vous devez choisir si vous allez utiliser : des plantes fraîches, en poudre ou bien séchées
    • Suivant votre choix, voilà ce que je vous conseille :
      • Remplissez le récipient en verre de plantes fraîches et recouvrez-les avec de l’alcool
      • Ou mélangez 120g de plante en poudre dans 500ml d’alcool (ou de vinaigre/glycérine)
      • Ou mélangez 200g de plantes séchées dans 1l d’alcool (ou de vinaigre/glycérine)
    • Remuez la préparation pour chasser toutes les bulles d’air
    • Fermez hermétiquement le récipient
    • Placez-le dans un endroit frais et à l’abri de la lumière de 8 jours à 1 mois
    • Secouez-le une fois par jour (certains spécialistes conseillent de le secouer 2 fois par jour ou juste certaines fois)
    • Etiquetez la teinture mère avec le nom de la plante et la date de fabrication
    • Une fois le temps de macération écoulé, passez la teinture mère dans une passoire recouverte d’un bout de mousseline, en dessous placez un grand bol pour récupérer le liquide. La mousseline gardera les morceaux de plante. Vous pouvez écraser les plantes avec une cuillère en bois pour extraire le plus de liquide et bien essorer la mousseline pour extraire le maximum de teinture mère
    • Transvasez le liquide dans une bouteille de teinture mère stérilisée et étiquetée

Conseils de préparation des tisanes

    • Pour l’infusion:

Il vaut mieux choisir une eau de bonne qualité, faire bouillir un litre de cette eau pour la verser sur la plante que vous avez placée dans un pot, mettre un couvercle sur le pot ou recouvrir avec un torchon humide pour laisser infuser qq tps (5 à 10 min). Retirer la plante ou filtrer la tisane avant de déguster et la servir chaude

    • Pour la décoction:

On plonge la plante dans de l’eau froide puis on laisse bouillir un temps nécessaire à la dissolution de son principe actif (5 à 10min en général, jusqu’à 20 ou 30min pour certaines racines) puis on termine cette préparation par une infusion à couvert, comme précédemment

Petit conseil : pour profiter des principes actifs, ne pas la sucrer (sauf par un peu de miel)

Concernant les quantités :

    • Pour les infusions de plantes sèches, 3 à 5g/tasse ou 30 à 50g/l ;
    • Pour les plantes fraîches en infusion : 6 à 10g /asse ou 60 à 80g/litre

Précautions

La phytothérapie n’est pas sans danger ; on ne le répétera jamais assez mais ça n’est pas parce que c’est naturel que c’est sans danger.

Origine des plantes

    • Être sûr de la plante qu’on manipule !

Ça peut paraître bête, mais reconnaître les plantes est un métier ! Et la composition d’une plante peut varier d’un spécimen à l’autre, mais également en fonction du terrain, des conditions de croissance, humidité, température, ensoleillement, qui vont déterminer ce que l’on appelle en aromathérapie le chémotype.

    • Utiliser la bonne partie de la plante 

Un exemple : si la feuille d’ortie est reminéralisante et sans contre-indication, l’usage de sa racine est en revanche réservé à l’homme.

    • Attention aux plantes d’origine douteuse

Puisque les facteurs de pollution, la cueillette et les méthodes de conservation, de stockage… peuvent altérer les propriétés des plantes.

    • Eviter les plantes sèches vendues sous sachet transparent

La lumière altère en partie leurs propriétés.

Interactions, Contre-indications, Précautions d’emplois, Toxicité

Certaines plantes contiennent des principes actifs qui peuvent être extrêmement puissants.

Il est important de bien se renseigner avant de la consommer. Des sites sérieux existent, comme wikiphyto.org par exemple.

Et le naturopathe dans tout ça ?

Je ne suis ni phytothérapeute ni herboriste. Je ne prétends pas connaître toutes les plantes de tous les pays, et je ne sais ni les reconnaître, ni les cultiver, ni les récolter. Peut-être une formation à venir, je trouve ça hyper intéressant 😊

En revanche, la formation du naturopathe inclut la connaissance d’un panel assez large de plantes.

    • J’ai étudié les plantes les plus courantes, les plus faciles à trouver dans le commerce, celles qui sont plus couramment utilisées.
    • Je connais : leurs principes actifs, leurs propriétés, leurs précautions d’emplois, contre-indications, interactions avec les médicaments, dose à respecter …
    • J’utilise plus couramment les plantes sous forme de gélules, de poudres, de sirops … dont je connais le dosage en principes actifs (qu’on appelle également titrage).
    • Je travaille avec une poignée de laboratoires dont je connais le sérieux.
    • Je choisis mes plantes en fonction de
      • Leurs propriétés principales,
      • Mais aussi secondaires, celles qu’on connaît moins,
      • Leurs adéquations avec votre situation : quelles sont celles qui vous conviendront le mieux
      • Leurs inadéquations avec votre situation bien sûr : précautions d’emplois, contre-indications, interactions avec les médicaments …
      • Leurs disponibilités sur le marché, il faut qu’on puisse les trouver aisément et dans la forme qui convient
      • Mon ressenti ! Qu’on appelle également expérience 😉

Quoiqu’il en soit, naturopathe ou pas, n’hésitez pas à vous faire conseiller par un professionnel.